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Le sérac philosophe
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20 novembre 2015

Le bruit, la mort, le sexe - et le silence sur le reste

Le bruit, la mort, le sexe - et  le silence sur le reste

... où il est dit qu'il est plus simple et plus utile de lever les tabous sur le sexe que sur les dominations sociales, politiques, économiques, (paradoxalement) sexuelles, écologiques, symboliques...

       Depuis quelques semaines je tenais à écrire un très bref article expliquant pour les quelques passants par hasard ou par envie que ce blog n'était pas abandonné mais en veille, pour "justifier" mon silence.

   En effet, absorbé par des activités philosophiques qui se manifestent dans la cité, in vivo, dans le dialogue aves quelques proches ou avec d'autres, des connaissances comme des inconnus, je n'ai plus le loisir (l'otium, ce luxe inestimable de la pensée continue) d'écrire; me consacrant à préparer et à concrétiser des rencontres philosophiques ou au moins philosophantes.

 

       Puis une chappe de bruits et de mort est tombée sur la capitale du pays où je suis né, où je vis et dont je parle la langue (en effet je suis socialement, historiquement, et linguistiquement Français). Or cette chappe de bruits de détonations et de mort se métamorphose en silences.

   Les premiers bruits furent des détonations et des cris : ceux de la peur, de la blessure, et de la mort. Les seconds bruits sont les commentaires sur la peur, sur la blessure et sur la mort. Ces seconds bruits qui persistent sont tout autant - bien que différemment - assourdissants que les premiers qui passent.

   La mort était tellement proche, - non pas pour les témoins et les survivants qu'elle a effarés (pour eux c'était plus que de la proximité, c'était l'étreinte) -, mais proche pour les autres : "ça aurait pu être moi". Surgissement de la mort comme possibilité de ne plus être, surgissement de la possibilité de la fin de toute possibilité d'être. Je dois cette appréhension de la mort à Martin Heidegger, qui, un temps, n'a pas été pas le répétiteur qu'il devint.

  Mais mieux vaut parler que de penser-vivre les circonstances, c'est moins sidérant. La parole libère-t-elle ? Est-elle cathartique ? Ou alors la parole enchaîne-t-elle ? Est-elle contamination du ~on~ ? Mais que dire de la mort, - cet ineffable - ?

   Epicure, assez sage par ailleurs, nous dit qu'il est inutile de penser (à) la mort car quand je vis, je ne suis pas mort, elle n'est pas là, et quand je suis mort, je ne vis plus, je ne suis plus là. Ainsi pourquoi penserais-je à quelque chose qui, en somme, ne me concerne pas ? Oh la belle dichotomie ! Oh la belle binarité du principe d'identité ! Belle dichotomie qui ignore l'entre-deux, mais aussi le "reste". Belle binarité d'un principe d'identité qui veut qu'une "chose" soit ce qu'elle est, pleinement, et qu'elle ne peut être ce qu'elle n'est pas. A=A, {la vie = la vie}, {la mort = la mort}. Point de mort en moi qui vis, point de vie en celui qui est mort. Ce n'est médicalement et physiologiquement pas vrai (la cadavérisation est un processus biologique bien vivant). Car qu'en est-il de la mort qui se creuse dans les processus mêmes du vivant ? Et quoi ! qu'en est-il du "mourant", celui qui est entre la vie et la mort, qui "va" mourir ? (Etrange formule). Je préfère un penser associant les contraires :

Héraclite d'Ephèse :

" Ils ne comprennent pas comment ce qui s'oppose à soi-même s'accorde avec soi : ajustement par actions de sens contraire, comme de l'arc et de la lyre".

" Immortels mortels, mortels immortels..."

" Pour l'arc le nom est vie, mais l'oeuvre est mort".

 

      Le bruit reprend : "Ha mais la vie continue ! Il faut résister ! Montrer qu'~on~ n'a pas peur !" Oui ! "Résister en continuant à baiser comme ~on~ a envie", "résister en buvant du vin sur les terrasses"... (Thèse d'histoire du futur : du concept de résistance en France en 1940 et en 2015...). Car ~on~ reparle, au moment même où la mort frappe, du sexe. C'est intéressant le discours sur le sexe, c'est bio-politiquement tellement utile. Car quand ~on~ parle de sexe, ~on~ est libre n'est-ce-pas ! La libération sexuelle... Parler d'anus, de phallus et de vaginus (il me fallait une rime), et plus encore marteler (si je puis dire) sur l'anus, le phallus et le vaginus permet de faire du bruit et de masquer le silence sur le reste. Car il est plus simple et plus utilie de lever les tabous sur le sexe que sur les dominations sociales, politiques, économiques, (paradoxalement) sexuelles, écologiques, symboliques...

 

Le reste ne se dit pas. Le reste c'est la domination de quelques uns sur beaucoup d'autres. Que Daech est utile ! Regardez comme il est absolument mauvais (ce qui n'est pas faux); donc regardez comme nous sommes bons ! Nos dominations ? Frivolités à côté des siennes !

Sexe et mort ont même fonction dans les jeux de maintien des dominations. Ils ont fonction de bruit sur le silence et le reste. 

 

"... non, pour eux, ce qui était important et sacré, c'était ce qu'ils avaient eux-mêmes imaginé pour dominer leur prochain".

Tolstoï

 

Anaximandre

 

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Commentaires
D
Heureux de constater la vitalité du Sérac ! <br /> <br /> <br /> <br /> Un mot relatif au sage de Samos. La question de la mort n'est pas un enjeu métaphysique cher Anaximandre mais thérapeutique. Epicure ne se place pas sur le plan du "Tout de la réalité" comme le fait Héraclite, mais sur le plan de la vérité relative. <br /> <br /> Il s'agit de lutter contre l'angoisse de la mort qui est le fruit d'un conflit entre le désir d'immortalité et la réalité finie de l'existence. C'est donc au niveau de la représentation qu'il faut agir, celle qui est contaminée par ce conflit.<br /> <br /> Il n'y a pas là de dichotomie mais un instrument psychique dont la valeur doit être articulée à la physique, à la décomposition définitive de tout corps. Or, la pensée de la mort entretient la survie de l'âme, son essentialisation voire son éventuelle résurrection. Cela ne fait qu'encourager le désir d'immortalité et partant, l'angoisse qui le accompagne. <br /> <br /> Dire "la mort n'est rien" revient à considérer comme le feront Spinoza et Nietzsche, épicuriens sur ce point, que la seule valeur qui mérite d'être pensée et pratiquée, c'est la vie et l'énergie créatrice qui la constitue. Toute pensée de la mort affaiblit, divise, sépare l'individu de ce qu'il peut.<br /> <br /> Il s'agit bien d'une technique psychothérapeutique.<br /> <br /> <br /> <br /> Amitiés, cher Anaximandre
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