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Le sérac philosophe
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23 avril 2020

De certains contempteurs du pouvoir

                                                                                                                                 Monsieur le Cardinal de Richelieu, qui voulait

                                                                                                                                                     être maître partout et en toutes choses,

                                                                                                                                                     s'emporta jusqu'à la puérilité.

Jean-François-Paul de Gondi,

Cardinal de Retz,

Mémoires

 

               La quête

            Celles et ceux qui critiquent l’autorité détenue par les autres sont souvent celles et ceux qui la désirent le plus pour eux-mêmes. Et l’on vit celui, celle, ou ceux qui affectèrent de promettre de bien régler et limiter le pouvoir qu’ils briguaient, le laisser intact dès lors qu’ils l’acquissent.

      ̶  Pour s’affranchir de cette tendance si fréquente et si courante, et pour bien se figurer d’en être indemne, souvent on recourt à des exemples caractéristiques de personnages historiques : ainsi le Président de la République Française, Monsieur François Mitterrand, qui ne cessa de critiquer la Constitution de la Vème République, jusqu’à ce qu’il approcha de la présidence puis y accéda.  ̶  Ne cachons pas notre sujet car il n’est pas hors de nous-mêmes : il est commun, banal, quotidien, et général.

     D’autres veulent le pouvoir et ils pérorent puis jurent qu’ils le changeront ; et ils le changent en effet, - pour mieux le conserver. Leur désir d’autorité leur fait préférer celle-ci au-dessous d’eux plutôt qu’au-dessus. Rien ne les étend, ni ne les enfle, ni ne les travaille tant que d’aspirer à ôter le pouvoir au-dessus d’eux-mêmes pour mieux se trouver au-dessus des autres, - et des lois.

 

               L’accession

     Ils et elles s’érigent donc, ou on les érige en nouveaux détenteurs du pouvoir, mais de l’incarnation éclairée ils et elles n’ont que l’enflure du simulacre. Certains érigés se maquilleront d’expressions solennelles, toutes copiées ; d’autres se tortilleront dans de dignes postures, imitées ; les derniers se masqueront de figures charismatiques, empruntées.

     Il ou elle avait toute la volonté de dominer que l’on appelle communément l’ambition, au plus haut point que l’on puisse l’avoir ; et il ou elle n’avait pas, même au plus bas degré, la volonté de se dominer, que l’on appelle communément l’auto-discipline. La première est courante et même vulgaire ; la seconde est singulière et même plus rare que l’on ne peut se l’imaginer : elle est néanmoins plus nécessaire que l’autre pour agir et servir.

     Ils et elles s’acharnent à devenir maîtres et maîtresses « partout et en toutes choses », « jusqu’à la puérilité », sauf chez eux et en leurs affaires. Des omniscients, des sachants tout sur tout, plus aptes à organiser et ordonner le monde entier que leur cave et leur penderie. Dans leur conduite des affaires, dans leur conception de l’action, et dans leur image même du monde, ils présument que la Fortune et la Destinée se rangent de leur côté. Pis ! qu’elles suivent leurs désirs. Tyrans des autres, tyrannisés par eux-mêmes.

 

               Le parjure

     Qui ne vit pas celles et ceux-là mêmes, jadis protégés par des lois, s’abandonner à nier ces protections, puis à s’abandonner à des rapines sophistiquées ? Une fois à la place des « tyrans » qu’ils maudissaient, ils outrèrent les maux qu’ils endurèrent pour mieux disculper la violence des maux qu’ils causèrent. Ils se permirent sans honte ni remords ce qu’ils avaient honni et conspué ; mais ils sont, eux, assis au-dessus de la flamme de la vérité, de la pureté et du sacrifice. Depuis les sommets de leur imposture, depuis les ravins de leur perfidie, leur parjure leur paraît disculpé par les grandes causes véritables, exhaussé par leurs pures intentions, ennobli par leurs fins, ou cela même qu’ils parjurent, par sacrifice.

 

- Que ferons-nous avec celles et ceux qui n’ont jamais accordé une seule seconde de leur esprit à la considération nécessaire de l’intérêt général ?

- Que ferons-nous avec celles et ceux qui n’ont jamais considéré une seule seconde avec tout leur esprit leur identification délétère et liberticide à l’intérêt général ?

- Que ferons-nous avec les premiers, plus égoïstes que des bêtes ? Que ferons-nous avec les seconds, plus purs que des anges ?

Où sont les moins mauvais d'entre eux ? A défaut d'en discerner les meilleurs.

 

forum romain Rome

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